A Daniel BALAVOINE.

Publié par Maurice BEYSSAC

Dans ce jour de ma vie trop rangée,
j'apprends que là bas ton destin s'est arrêté,
J'ai un peu honte à dire que j'ai mal,
c'est trop facile devant mon journal.

En rêvant de tomber les frontières
des races, des couleurs, des prières,
tu réveilles cette tolérance
qui dormait dans mon cœur "fauteuil"...
Ma tête rangée, un peu trop "France",
vivait sa vie, tranquille, oubliant ces écueils.

Sur ton linceul couleur de sable,
les larmes de ceux que ton départ accable.
J'ai un peu honte à dire que j'ai mal,
c'est si facile devant mon journal.

En portant si haut tes révoltes,
de mot en mot, de note en note,
tu as cassé l'écorce facile
qui tapissait mon cœur placide.
Mes yeux baissés, regard douillet,
ne voyait bien que le bout de mes pieds.

Plus loin que ton idéal, ta dernière chanson
emportée par le vent de ta passion.
J'ai un peu honte à dire que j'ai mal,
c'est si facile devant mon journal.

Je sors de mon rêve, je m'en vais faire un tour.
Je saluerai de ta part Fatima et Ahmed.
Je laisserai dans ma poche, les regards un peu lourds
et j'emporte tes chansons et mes jumelles
pour mieux voir de mon coin d'occident
le fond de ton cœur, la couleur de ton temps.

Je veux tes souvenirs en do majeur,
paroles et musiques pour quelques pleurs.
J'ai un peu honte et je jette mon journal,
c'est trop facile de n'avoir que mal.

Maurice BEYSSAC.

 

 

 

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